dimanche 14 septembre 2014

L'Islande en 1962

J'ai déniché chez un bouquiniste un livre très intéressant "Islande de glace et de feu", par Jean-Pierre Vernet. Ne cherchez pas sur Google, ce gamin (il avait 18 ans au moment de son "exploration" en Islande) n'a pas laissé de trace à la postérité. Le livre est très mal écrit, dans le style scolaire et fleuri de l'époque; alors pourquoi est-il intéressant ?
L'Islande en a fait du chemin en 50 ans ! En 62, pas de route circulaire, et pas non plus de macadam pour les routes existantes. Le seul chemin parcouru par un bus relie Reykjavik à Akureyri au nord. Les fjords de l'est sont complètement isolés: pour se rendre à la capitale, le bateau ou un immense détour par le nord. Nombre de localités que j'ai visitées avec ma petite voiture sont alors complètement isolées dans les montagnes.
Le grand obstacle dans le sud est le sandur, cet immense delta charriant dans le sable les torrents dévalant des glaciers, changeant de trajectoire selon les vents et les crues. Y avoir construit des ponts (récemment) est un véritable exploit technique. C'était le seul moyen de terminer la route circulaire et de rompre l'isolement des localités de l'est. La deuxième photo est un document, un des ponts emporté par une crue - à chaque crue imprévisible, il faut reconstruire... Quel pays !

En 62, pas de véhicules 4X4 - ou bien peu. on se déplace ... à CHEVAL !! C'est de cette façon que notre héros visite le pays. Les chevaux islandais sont des petits chevaux résistants, à moitié sauvages, et le sont restés.
Question nourriture le narrateur cite le fameux skyr, le mouton fumé et la baleine. A cette époque aucune restriction pour la chasse à la baleine, un véritable carnage que notre héros trouve à juste titre écœurant. Mais c'est alors une des grandes ressources de l'île - la baleine est commune sur les tables, et sa graisse sert à cuisiner.
Ce qui par contre l'émerveille, c'est l'eau chaude courante dans les moindres fermes isolées, l'électricité aussi, et que toutes les familles possèdent...un frigo. Ce qui n'était pas encore le cas dans toutes les campagnes belges ou françaises à l'époque! C'est que l'Islande dort sur un volcan, que les sources d'eau chaude et les nombreux torrents de montagne offrent l'énergie à bon marché... Encore maintenant !
Côté architecture, il n'admire pas du tout les maisons en bois multicolores, que l'on restaure à grands frais aujourd'hui; et encore moins les maisons traditionnelles au toit de tourbe - qu'il compare à des repaires d'animaux - dont la plupart étaient encore habitées à l'époque; ce qui le branche, ce sont les nouvelles constructions en béton "à l'américaine" de Reykjavik. Les goûts évoluent...
Notre héros réserve le lyrisme de sa plume à la nature; mais là aussi, ses goûts diffèrent: les glaciers lui inspirent des pages exaltées et lassantes, mais les chutes l'effraient, et les paysages lunaires des volcans le rebutent. Quant au climat - vent, pluie et froid le surprennent dans un équipement qui nous semble bien léger, sans gore-tex et laine polaire.
En 50 ans, le monde  a bien changé !

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